Alors que l’hiver a officiellement commencé, nous avons décidé d’explorer les saisons cristallisées par Hockney en Normandie. Installé dans le Pays d’Auge depuis début 2019, David Hockney profite du confinement pour peindre sans relâche et créer une œuvre titanesque. Sa particularité ? Elle est numérique ! L’artiste britannique a troqué ses pinceaux pour un stylet et c’est sur un iPad qu’il réalise une fresque de plus de 80 mètres de long, intitulée A Year in Normandie.
A Year in Normandy, musée de l'Orangerie, 2020-2021© David Hockney
Lors d’une visite au musée de Bayeux, Hockney est fortement marqué par la Tapisserie de la reine Mathilde. Cette broderie forme une frise, longue de 70 mètres, et relate d’un seul tenant la conquête de l’Angleterre par Guillaume, duc de Normandie, au XIe siècle. C’est décidé, Hockney va, de la même manière, raconter l’arrivée du printemps. Au revoir les piscines de Californie, bonjour aux paysages de Normandie ! Il immortalise sa maison, son jardin et la campagne environnante pendant toute une année.
Tapisserie de Bayeux, Musée de la Tapisserie de Bayeux, 1070-1080
Pommiers violets, herbe verte fluo, et toits rouges vifs… Les paysages aux touches fourmillantes de Hockney pourraient être ceux d’un impressionniste. Les outils numériques lui permettent une saisie rapide et précise de la nature et la palette de couleurs vives et lumineuses capture les changements de saison de manière explosive. Avec des paysages variés, enneigés ou fleuris, son œuvre est une ode à la nature changeante et au temps qui passe.
Quel exercice de stylet ! Hockney est très enthousiaste quant aux potentialités offertes par les nouvelles technologies. L’artiste, âgé de 84 ans, a recours aux nouveaux médiums comme l’iPhone ou l’iPad, depuis bientôt plus de 10 ans. Ils lui permettent d’aller plus vite qu’avec de la peinture.
Mais alors, il est impossible de juger du relief du crayon et de la matière de la peinture, son œuvre est imprimée sur papier, sans texture. Le tournant numérique peine encore à être reconnu dans les beaux-arts. Cette fresque n’en est pas moins impressionnante et ne laisse indifférent aucun spectateur. David Hockney, le maître de la peinture à l’huile, nous questionne sur les nouveaux médiums de l’art.
Comme une nouvelle résonance aux Nymphéas de Claude Monet, la frise impressionnante est visible au Musée de l’Orangerie, mais n'hésitez pas à en avoir un premier aperçu avec la vidéo publiée par le musée. Nous vous recommandons de mettre la composition musicale de Vivaldi fort dans les oreilles pour accompagner votre avancée à travers la fresque et accelerer le passage au printemps !
Publié le 16/11/2021
Article écrit par Gabrielle Dembinski
Sources :
Le musée de l'Orangerie / Arts in the City / AD Magazine